Grégoire Maret, le génie de l'harmonica
Par Paola Genone (LEXPRESS.fr)
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Grégoire Maret par Ingrid Hertfelder.
Ingrid Hertfelder
Nous avons assisté, hier soir, au concert de l'harmoniciste
Grégoire Maret, au Duc des Lombards, célèbre club de jazz parisien. Nous
en sommes sortis les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.
Chronique d'un moment de bonheur.
Né à Genève en 1975, Grégoire Maret a été bercé dans la musique depuis son enfance. Son père, franco-suisse, est un musicien de jazz; sa mère, afro-américaine élevée à Harlem, est une mélomane. "J'ai commencé à jouer de l'harmonica à 17 ans", raconte le virtuose... Après s'être diplômé au Conversatoire Supérieur de Musique à Genève, Grégoire part à New York où il est repéré par les plus grands jazzmen. Son C.V. est impressionnant: il a collaboré avec l'harmoniciste Toots Thielemans, le guitariste Pat Metheny, les pianistes Herbie Hancock et Jacky Terrasson... Avec Sting ou Elton John. En 2011, il décide enfin de créer son propre groupe, puis de sortir récemment un album magnifique, intitulé Grégoire Maret, sur lequel sont invités les chanteurs du groupe vocal Take 6, Toots Thielemans ou la chanteuse Cassandra Wilson. Hier soir, entouré de musiciens extraordinaires, comme le bassiste américain James Genus et le pianiste uruguayen Federico Pena, Grégoire reprenait les morceaux de son disque, en les jouant, les yeux fermés, telle une longue suite sans interruptions. En l'écoutant chanter dans son harmonica, souffler et aspirer l'air, produire des polyphonies, des cris, des mélodies douces de cet instrument ingrat (qui ne possède que trois octaves), on a eu l'impression d'entendre le tant espéré héritier de John Coltrane. Un Coltrane de l'époque de Love Supreme ou d'Interstellar Regions... Grégoire est habité par la même quête de spiritualité, par cette volonté forcenée et si touchante de maîtriser son instrument, par une fougue entraînante... Il possède la capacité rare de se fondre dans chaque phrasé et chaque sonorité instillés par les musiciens de sa formation. Leader incontestable, ce virtuose n'a aucun besoin de se mettre en avant pour briller. Quelques sons de cet harmonica suffisent à faire résonner les cordes basses de James Genus. Et soudain, on croit entendre les lamentations de Charles Mingus, abruptes, issues des tréfonds de l'âme. Pas un seul cliché. Que des vagues déferlantes et des ressacs d'écume... Des "sheets of sound" - expression qui désignait ces arpèges et ce flux de notes célestes sortant du sax de John Coltrane. On sourit encore et l'on remercie ce grand musicien d'avoir partagé, avec tant de générosité, ce qui n'est que le prélude d'une longue quête musicale.
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